Décharges littorales : dépollution de la plage de Réthoville (Manche)


En 2022 Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) recensait pas moins 110 anciennes décharges situées tout au long des côtes françaises et le Plan national de résorption des décharges littorales du ministère de la Transition écologique prévoyait la dépollution de tous les sites avant 2032. Il y avait urgence en effet car, avec le recul du trait de côte, phénomène général intensifié par le réchauffement climatique et la montée des eaux, certaines de ces décharges ont déjà commencé à relarguer leurs déchets sur les plages, au pied des falaises et dans l’océan.
L’Établissement Public Foncier de Normandie (EPFN), maitre d’ouvrage en partenariat avec la région Normandie a fait confiance à pour réhabiliter la décharge littorale de la plage de Réthoville, sur la commune de Vicq-Sur-Mer, tout au bout de la presqu’île du Cotentin.
Seulement 225 m2, 3 à 4 m de profondeur, 600 m3 de déchets sur une plage de sable fin… Le cas semblait simple et surtout allait pouvoir servir de modèle pour plusieurs sites similaires. Mais attention, pas question de dé figurer l’endroit : l’ancienne décharge est aujourd’hui située en plein cœur d’une zone protégée Natura 2000 et sur le tracé d’un sentier de Grande Randonnée.
La priorité Biodiversité
« Nous avons fait beaucoup de réunions de préparation avec les équipes du Cerema, celles du Conservatoire du Littoral et avec les écologues du groupe Séché Environnement, raconte Sébastien Amiot, Directeur régional de Séché Éco Services. Il fallait définir une stratégie » pour préserver le site, la végétation et la faune qui l’habite. Et le calendrier est contraint ! Il faut excaver les déchets en dehors des périodes de grandes marées, quand les eaux viennent recouvrir le site, situé à seulement quelques dizaines de mètres du trait de côte. Il faut également terminer les opérations sur la plage avant la période de nidification pour ne pas perturber la reproduction des espèces d’oiseaux protégées.
Après balisage pour assurer la sécurité des promeneurs et installation d’un enrochement temporaire pour protéger le site d’une éventuelle montée des eaux, les premiers coups de pelle peuvent être donnés à la mi-février 2025. La couche de sable superficielle, non impactée par déchets, abrite les réseaux de racines qui participent à la stabilité de la dune : elle est tout d’abord retirée et sera remise en place à la fin des opérations pour favoriser une reprise rapide de la végétation. L’excavation des déchets proprement dite peut alors commencer.
Afin de limiter les opérations sur la plage-même et pour stabiliser la dune avant les marées à forts coefficients, il est décidé d’effectuer le tri des déchets hors du littoral en installant un centre de tri provisoire sur une parcelle surplombant la plage, mise à disposition par un agriculteur. Sur ce terrain, parfaitement étanchéifié pour éviter toute pollution, les équipes de Séché Éco Services peuvent poursuivre les opérations afin d’orienter les déchets vers les filières de traitement les plus adaptées. Mais attention, pas question de lambiner car pour le propriétaire du terrain il est essentiel d’en récupérer l’usage à temps pour les semailles.
Désamiantage manuel
Dans cette course contre la montre permanente, la découverte de la présence de déchets amiantés n’est pas une bonne nouvelle. Mais, comme l’explique Sébastien Amiot « on a beaucoup de personnel formé à ces techniques et on a su s’adapter en moins de 24h. » En effet, qui dit « amiante » dit précautions renforcées pour éviter toute propagation des fibres, pour protéger les collaborateurs et pour organiser un tri et une filière d’évacuation spécifique.
L’unité de tri automatisé prévue comporte un système de cribles pour trier les déchets selon leur taille (tri granulométrique) et un « overband » magnétique pour séparer les éléments métalliques. Une solution insuffisante pour trier les déchets amiantés Qu’à cela ne tienne, les équipes font venir une table de tri manuel mobile. À l’intérieur de sa cabine, 3 opérateurs équipés de combinaisons Tyvek étanches et d’appareils respiratoires isolants (ARI) s’affairent autour d’un tapis convoyeur pour retirer à la main les petits casseaux de fibrociment et les conditionner dans un double emballage étanche.
La nature reprend ses droits
Petit à petit, les différents types de déchets sont évacués vers les filières de traitement appropriées, le centre de tri se vide et, début mai, commence la remise en état. Les membranes d’étanchéité sont retirées et la terre végétale est remise en place. À la mi-mai la parcelle est restituée à son propriétaire, prêt à semer et la réception du chantier est effectuée sans la moindre réserve.
Sur la plage, la dune a tenu, la végétation repart et les oiseaux s’installent pour couver. Avis aux randonneurs : attention où vous marchez, leurs œufs se confondent parfois avec le sable…
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